Le retour aux sources,…je t’écris de ma terrasse pondichérienne !

Une semaine à Pondichéry, une semaine qui nous ramène à toi, à nous, à vous, à ce que nous sommes.

Étonnante émotion que de revenir toujours sur cette terrasse, je réalisais à quel point nous étions privilégiés dans nos coeurs et nos vies de vivre justement pareil voyage. C’est pourquoi je t’écris de notre terrasse indienne

Toujours aussi étonné par les frissons quand viennent les embrassades de bienvenue à la sortie de l’aéroport, Djeevan est là et quand se passe la route vers Pondy dans la nuit, ne jamais rien vouloir manquer des klaxons qui rythment les kilomètres, des voitures échappées dans le noir lointain, malgré cette heure tardive,… je suis en Inde, … éveillé. Les odeurs ne masquent pas l’hiver indien, elle est là, l’air si caractéristique de l’Inde, plis fraîche qu’à l’accoutumé, la route m’amène vers Pondy, terminal ultime d’une folie de cinq mois. Là-bas tout au loin, m’attend un monde connu mais à apprivoiser comme une amoureuse sur un balcon.

Je t’écris de ma terrasse cette fois pour te dire que je t’aime, pour te dire à quel point ces cinq mois furent une époustouflante réussite pour notre famille, pour nos petits loulous, pour nous. Ce ne seront pas nos désaccords si minimes parfois et pourtant tellement insignifiants, ce seront plutôt nos si nombreuses affections, ces ballades main dans la main qui rendent cette inoubliable expérience, cette aventure et surtout ces cris de joie, de frénésie, d’engouement des enfants. Nous l’avons tentée et nous la traitons comme des jeunes adultes amoureux, l’aventure infinie, comme de vieux parents aux réflexes insoumis, toujours, l’un comme l’autre à l’attention du plus jeune, de la plus fragile, du plus costaud, de la plus mature, faisant sans cesse attention à tous et les deux pieds sur terre, nous marchons en nous aimant, nous exaspérant autant que nous cajolant, nous alignant sur cette route toute droite et si sinueuse parfois, nous dépassant sans cesse. Dans tes yeux, l’infini et puis la limite, notre terrasse.

Il est d’eux heures du matin, nous sommes chez nous, enfants dans les bagages pour la quatrième fois ici avec ce parfum d’émotion de notre première rencontre, d’il y a dix-sept ans… Nous sommes en Inde, à Pondichery, sur notre terrasse, … et des terrasses, et des balcons, il y en a eu tellement mais celle-ci où tout a commencé, celle où nous nous sommes embrassés la première fois, garde sa saveur unique. Nous sommes de retour à la maison.

Je t’écris de ma terrasse parce que d’ici je mesure l’ampleur de notre parcours.

Nous sommes arrivés si tard, dans la nuit, une petite soeur nous ouvre notre chambre et dans un silence monacale, les enfants retrouvent leur lit,… c’est bien la même chambre que dans leurs souvenirs. Une fois installés après avoir de nouveau tout bougé selon nos goûts, il nous faut sombrer pour ne pas nous retenir à la rambarde de l’éveil, juste se laisser aller vers Morphée.

Ce vendredi matin, nous courons sur cette terrasse, voir l’église Notre-Dame des Anges, la mer au loin, Auguste faire son 100m, regardant dans chaque interstice, la rue en contrebas; le carrefour, les chiens qui montent la garde, les passants.

En descendant, nous le savons, une nouvelle soeur supérieure nous attend, Sister Lucy,… les échanges polis ne masquent pas notre empathie naturelle et mutuelle, elle devine et stresse un peu, autant que nous, pour cette première rencontre : toute la Communauté l’a renseignée sur notre petite famille, … quelle sourire et quel accueil, nous ne cessons de tomber dans les bras de l’une et de l’autre soeur , nous comptons vraiment pour elles, Cha et les enfants leur ont manqué et cela fait chaud au coeur.

L’amour, c’est ici autant que chez nous, nos parents nous manquent autant que nos soeurs, ne parlons même des petites cousines et petits cousins,… mais retrouver ces petits bouts de bonnes soeurs, leur regard et leur amour quand elles prennent les enfants dans leurs bras. Voir qu’eux-mêmes, nos enfants sont touchés parce qu’elles les attendaient et mieux même se souviennent d’eux, c’est extrêmement émouvant. Et nous avons raison d’être touchés, c’est cela aussi la famille,..

Nos retrouvailles, c’est aussi la redécouverte de Pondy, tout le monde a ses propres souvenirs,. Nous tentons Cha et moi, emmenant Auguste par la main de découvrir tous ces Indiens qui ont la même tête que Papa, retrouver les images anciennes de Maya, Noé et Leo,. Cha est troublée, émotionnellement amoureuse, Pondy l’avait manquée. Passage obligé sur la digue avant de se fendre dans la foule des petites rues chercher un scooter que nous n’aurons pas cette fois-ci et des connections téléphoniques, finalement nous aurons que très tard le lendemain. Petit resto raté, les cuisiniers ont dû changer depuis, nous nous couchons de bonne heure.

Ces premiers jours, les cloches ne nous réveillent pas,… presque dix heures avant d’enfin se lancer dans le bain, les Sœurs ne nous ont pas attendus, l’hôpital grouille de vie. Il est vraiment tard, petite visite à la crèche, les enfants ne sont pas là, juste à la crèche en dessous,… quatre bébés retiennent l’attention de Maya qu’elle prend si naturellement dans ses bras.

Et puis le silence, prendre le temps de dire un dernier au-revoir à notre petite soeur tant aimée et adorée, juste pensée à celle qui nous manque tant aujourd’hui, parce que revenir à Pondy, c’était aussi revenir à elle, notre Soeur Myriam, elle a toujours été là, pour nous accueillir, pour nous soutenir,… sans elle nous ne serions tout simplement pas là; alors revenir à ce que nous sommes en somme, et lui dire un dernier « je t’aime » en prière, et simplement dire qu’elle nous manquera tellement, puisse- -elle veiller sur nous tous,… Notre petite soeur Myriam.

Parcourir en une semaine les lieux mythiques de notre Pondy à nous, c’est une délicieuse perpétuelle promenade, reprendre ses marques, déambuler sur la digue, flâner dans les rues commerçantes, déambuler encore dans les étroites ruelles du marché à la recherche des épices, des breloques, des foulards et bracelets, … tiens notre ami Arul, son oncle ne nous ont pas oubliés ni surtout Charlotte, égérie de leur première tenue entièrement conçue à la main, il y a 17 ans,… le temps ne semble pas avoir bougé,…

Comme c’est dimanche, nous prenons aussi le temps de revoir notre Shneela Illam, les Garçons de Rue qui nous reconnaissent et nous emmènent visiter leur terrain de jeux, les prémices des nouvelles douches sont sorties de terre, … La Villa Rosalie a fermé ses portes, les jeunes filles ont pris leur envol. Nous tenterons de comprendre tout cela plus tard,… les Sœurs nous emmènent aussi le long de la plage, sur une des plus célèbres de la côte pondichérienne, découvrir une nouvelle maison qui accueillera le nouveau centre de soins palliatifs,… étrange bâtiment où nous assistons avec joie à la Noël des enfants du village.

Cette semaine, c’est aussi la frénésie des achats de Noël, se couper les cheveux, se rhabiller enfin, … Nous sommes tous à la recherche de nouveaux vêtements, tous, nous en avons marre de nos shorts, T- shirts et autres,… qui ont tenu le coup pendant ces cinq mois d’itinérance, … pas facile mais petit à petit, quelques nouvelles choses apparaissent, nous nous transformons et de nouvelles photos apparaissent, le look change. Maya se pare de sa beauté indienne.

Une semaine aussi pour commencer les recherches et préparer le second semestre, passage obligé chez nos amies Alzina et Nadine du Lycée Français, notre éternel Pierre du Satsanga, nous leur annonçons que nous resterons cinq mois, étonnement logique, ils ont tellement pris l’habitude de nous voir passer en coup de vent,… le temps d’un rendez vous dans une agence pour chercher une petite maison qui nous accueillera,… tiens notre ami Daniel joue sur la digue à la pétanque,…

Les retrouvailles comme les rencontres : Nathalie Dufour, une copine de vingt ans visite l’Inde avec son mari et ses quatre enfants, nous sachant à Pondy, ils se pointent à l’improviste à l’hôpital, le temps d’un verre et surtout même plus, ils nous accompagnent au Shnella Illam pour souhaiter nos meilleurs voeux de Noël aux Garçons des rues. Vite louer des scooters et nous voilà partis à douze sur les routes indiennes, évitant camions, bus qui nous triple, dix kilomètres de folie pour découvrir notre projet,… À Kalapet.

Cet après midi nous apprend qu’il nous plaît et que nous avons toujours cette envie de partager ce qui nous ramène aussi à Pondy : vivre auprès des projets de l’association.

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Dans deux jours, ce sera Noël, Sister Lucy nous emmène, Auguste, Charlotte et moi, dans un magasin et nous offre des tenues festives typiquement indiennes pour la Noël, moment privilégié de rencontres où elle nous partage toute sa joie de nous voir enfin en «vrais». Etonnamment, elle nous rencontre avec son tout amour, sa joie de vivre, elle fait partie en une semaine de notre quotidien et de ses petites merveilles, sourire…

Et puis aussi des larmes d’émotions quand une petite fille quitte l’orphelinat, elle a six ans, j’ai vu le bonheur des parents, une famille américaine et ses deux garçons venir chercher la petite,… sister Leone s’enferme dans son bureau en larmes, j’ai les miennes qui coulent sans le vouloir, je comprends le désarroi et la peine des soeurs, elles perdent leur enfante qu’elles ont tellement choyée, embrassée, secourue et tellement aimée, .. Me suis-je pris au jeu du miroir en voyant le miracle de la vie se répéter une seconde fois, ai-je eu l’impression soudaine que M, elle, se pouvait être moi il y a quarante ans, … Non, juste une idée d’un immense bonheur que l’on partage, une transmission d’amour entre la Communauté et les parents adoptifs, et au milieu, une vie nouvelle d’une petite fille qui verra le jour une seconde fois, dans les yeux de ses parents, là-bas dans les lointaines États unis, …

Miracle de l’adoption, je l’ai pris pour moi pour une fois.

Je t’écris de ma terrasse parce que d’ici je mesure l’ampleur de notre parcours. Je t’écris de ma terrasse cette fois pour te dire que je t’aime, … je t’écris de notre terrasse, notre Pondy et notre Amour, car tu es mon Amoureuse..

À toi, ma fidèle parmi nos plus fidèles lectrices, qui suis nos aventures si petites,…

Je t’écris parce que j’aime ce moment où je te raconte notre voyage, dans ces instants d’ultime solitude,

Tu es présente par la lecture de chacun de ces mots, de ces émotions voyageuses,

Tu es désormais témoin, de cette route,

Ça doit être ça, la tentation de l’écrivain, ...

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Bisous de nous tous de notre terrasse indienne

Fab

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