Voir Ajmer et puis Pushkar et mourir,…

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Sur la route de Jaïpur, deux lieux étranges nous attendent où nous faisons halte pour deux nuits. Anu, notre driver connaît une petite maison à l’écart de la ville, du village de Pushkar. Il nous y conduit et stupeur et émerveillement, la maison est magnifique, de plein pied, sa demeure centrale est faite d’une chambre, salle à manger cuisine, face au balcon et au jardin. La salle à manger a été transformée pour l’occasion en une chambre pour les enfants, la terrasse est prolongée d’une pataugeoire, un jardin arboré, et une jeune femme française se baigne les pieds dans l’eau ? Elle nous accueille avec gentillesse, se présente à nous comme une voyageuse, coincée depuis trois semaines à Pushkar.

Elle vient d’une île de Bretagne, s’est cassée le bas du dos et est coincée pour un moment à Pushkar. Nous faisons le tour avec elle du propriétaire, deux autres chambres séparées complètent la demeure. Elle restera dans son coin, de même qu’Anu. Mais quelque chose me dérange, comme elle me plaît cette maison ou pas en même temps, sans doute cette présence en trop, cette façon de présenter les choses qui appellent un sentiment de déjà-vu, de déjà-là, un truc qui vibre et qui me dit le danger de ce lieu. Colette Nyz-Mazure parlait dans son très beau livre d’ « Un peu de mort sur le visage ». Je le retrouve étrangement ici, le lieu est trop beau, trop calme, trop doucereux pour être frais, et vrai; fait de quiétude et de sensibilité. Je suis, sans le savoir sur mes gardes, Cha aussi, il y a un déjà vu, un déjà-là, une espèce de ritournelle dont je me rends compte sans doute encore plus deux semaines après l’avoir vécu.

Moi, à nous, cela ne nous suffit pas et comme nous ne faisons jamais comme les autres, nous décidons de découvrir avec Anu, ce qu’est Pushkar en fin d’après-midi, comble de ce que je me doutais, Pushkar n’est qu’un village pour touristes occidentaux, c’est un repère pour que la névrose de chacun s’exprime, pour que les sentiments exacerbés se disent oui à la turpitude des instants passés. Pushkar, un village étroit, une rue, deux temples, rien, un repère à touristes désertés de ce qui a de plus abscon en cette période de l’année, des rasta-men, des filles occidentales à demi-nues, des mecs blancs qui zonent, qui sentent la drogue, qui la quémandent, qui vivent les uns sur les autres.

Nous, nous passons, sans trop regarder, nous découvrons un temple à touriste indien, le seul de Brahma, une exclusivité qui fait son genre, rien à se mettre sous la dent, trop récent pour être vrai, nous passons notre chemin rapidement pour découvrir une plaine, immense où Pushkar est célèbre pour réunir tout le Rajasthan pour sa célébration des chameliers, sa fête traditionnelle !!!

Fin de journée, Anu nous amène sur les Gaths, ces marches face au bassin d’ablutions, là où des milliers des pèlerins s’immergent dans l’eau sacrée, face au soleil couchant, nous cherchons le mystère de cette aura qui ne nous parvient pas. Nous regardons le soleil descendre inexorablement comme tous les jours à l’horizon.

Notre première soirée sera d’écoute, de rencontre, de comprendre l’Autre sur comment il est possible de se perdre en Inde, comment il est possible de s’abîmer seule, et je parle pour elle, dans un trou perdu, sans n’avoir jamais rien vu d’autres de l’Inde que Pushkar et se dire que ce monde est merveilleux. Ce n’est juste que moi, j’avais envie une fois de plus envie de comprendre pourquoi. J’y ai pris ma soirée, une partie de ma nuit pour me remettre dans l’idée qu’il est possible de se perdre dans ce monde enchanteur de l’Inde, sans passion, compassion, sans idéaux, sans croyance,.. ce pays dans ses extrêmes peut faire chavirer les coeurs et les consciences au point de devenir inconscient de sa propre vie. Ma compagne de soirée est tombée sur plus fort qu’elle-même, elle a vu Pushkar, et cela lui suffit. ET moi, j’y ai prêté mon oreille attentive. Comme ce n’est pas la première fois que je me donne à cette exercice de funambule sans toutefois comprendre pourquoi il est possible de voir … Pushkar et d’y mourir !

cof

Du coup, ce matin je me grouille pour que nous partions visiter Ajmer, la ville d’à-côté que j’avais pointée sur la carte : Ajmer et sa mosquée Suffi !

L’Islam, la première fois que nous le rencontrons sur la route de la sorte, un truc à se mettre un bas de laine sur la tête, un truc où Noé se demande qu’est la pertinence de nous le mettre ainsi sur la tête puisque nous ne sommes pas croyants, un truc où nous devons faire silence pour découvrir l’autre dans sa croyance,

Je sais qu’il est difficile dans ces temps troublés de parler de ce côté occidental de l’Islam mais, comme prof de religion à mes heures passées, le Souffisme, c’est quelque chose et nous avons trouvé le guide qu’il nous fallait; un mec, formé en Alsace qui nous raconte à quel point ce courant méconnu de chez nous, est fondamental dans ce qu’il y a de plus beau dans cette religion ! Les arts, les lettres, la croyance dans la tolérance… Il y a deux ans, un attentat a tenté de mettre à mal leur caractère si croyant, si modéré au point que ces fanatiques ont failli remettre en question ce qu’ils sont. Les Suffi, ce sont les arts, la peinture, la musique, la poésie, … la quiétude, la poussière qui enveloppe, masque de la croyance, la mort sur le visage dépoussiéré. Une part de vérité.

C’est sur cette route que nous avons entrepris de visiter une moquée à peine abandonnée; enfin c’est ce qu’on nous a dit, … ce qu’il a été n’est plus vrai aujourd’hui, les Musulmans reprennent petit à petit leurs ruines pour en faire des cultes d’aujourd’hui, afin de sauvegarder leur patrimoine, j’ai soudainement des doutes mais dois-je les garder pour moi ?

Dernier trip que nous faisons à Ajmer, : un temple nudiste Jaïn dont nous ne verrons que l’intérieur : une espèce d’élucubration folle d’un mec qui a recomposé la vision idéale d’une nouvelle société organisée : Une folie tant la maquette qu’il nous propose fait plus penser à une attraction ludique qu’à un courant de pensée; nous regardons tout ça avec un oeil détaché.

Alors oui, en quittant Ajmer et Pushkar, il me reste « un peu de mort sur le visage »,

J’ai,

Qu’ai-je pu penser, une rencontre sur la route, des souvenirs qui se percutent ?

Juste une femme comme dans le passé si loin, dans les souvenirs, une idée du passé, d’autres qui sont venues m’habiter, et toujours par dessus tout cela, celle qui prépare à l’avenir,

Mon amoureuse,

j’ai en gros quitté une idée de la route, là où d’autres y laissent leurs rêves, il fallait quitter Pushkar, qui n’apporte RIEN. Nous avons quitté une femme, qui nous voulait tout le bien que nous lui souhaitons aussi, mais jamais nous n’aurions pu voir Pushkar,… et puis mourir.

Nous avons continuer NOTRE route, …

Cet article lui est dédié pour cette belle rencontre d’un soir,

Nous lui souhaitons,

comme à chacun d’entre vous,

le meilleur du monde,

Affections, Fab

oznor

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