de Ranakpur à Kumbalgarh, où le silence est de l’or.

Quitter Jodhpur, laissant sa forteresse immense, quitter les highways, prendre soudainement à gauche en descendant vers Udaïpur pour prendre les chemins de traverse. S’arrêter en chemin sur les conseils d’Anu, notre driver et découvrir des tisserands qui confectionnent à la main, sur des machines traditionnelles des tapisseries en soie, ornées d’éléphants. Ces tapisseries célèbres dans tous les artisanats du monde, dans tous les magasins indiens du monde, nous les retrouvons ici. a réflexion fut courte, nous en achèterons un stock pour notre petite association, laquelle n’est jamais loin de notre esprit,… Dix kilos en plus à acheminer en Belgique et qu’on espère pouvoir faire fructifier pour nos projets. Passez dès aujourd’hui votre commande !!!

Petite route traversant des villages oubliés de tous sauf par les quelques rares personnes qui, assis à l’ombre d’arbres majestueux, fument, discutent, boivent leur thé. Beaucoup de femmes portant du bois ramassé sans doute dans les campagnes arides, parfois portant des jarres d’eau, des gamins à moitié nus jouent dans les courées, partout ces amoncellements de pierres; cette curieuse impression de voir partout pareil; du sable, de la poussière et des pierres. Le désert s’est arrêté pour laisser place à de longues plaines arides et rocailleuses. S’arrêter loin des sentiers touristiques et prendre le temps de visiter une perle perdue, enfin pas si perdue que ça vu le nombre d’hôtels de luxe mais qui pourtant n’est pas sur les routes rapides des guides touristiques : Ranakpur et son temple sacré Jaïn !

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Un peu d’histoire des religions : Le Jaïnisme est une des plus anciennes religions : elle prend ses racines profondes dans l’hindouisme, Mahavira, qui vécu à la même époque que Bouddha, en est son fondateur. Le fondement de cette religion monothéiste est de manière simpliste, la sortie par de le haut du système des castes. A l’opposé de l’enferment de l’individu dans sa caste et dans sa condition, le Jaïnisme entend sortir l’homme de son Kharma par son comportement sur Terre, le temps de son existence. Par ses actions bonnes envers les autres, (homme comme tout être vivant : animal, insecte,…), le Jaïn élève son âme pour atteindre la pureté et ainsi sortir du système des castes. Ainsi, un des piliers de cette religion est la « Ahimsa », repris par Gandhi, le père de la Nation indienne : la non-violence. D’autres moyens enfin d’élever son âme sont le jeune, l’ascétisme, la méditation.

A Ranakpur, un temple du 15°s se cache dans une vallée profonde et luxuriante. Si la grandeur de l’édifice n’atteint pas les palais du Rajasthan, il n’en reste pas moins extrêmement touchant par sa simplicité, du marbre blanc, sa vétusté apparente cache une complexité inédite à l’intérieure, vingt-six salles de méditations s’entrecroisent autour du temple principal, un arbre même y pousse et s’élève à l’est, saluant tous les matins l’arrivée du soleil. Parait-il que 1444 colonnes supportent l’imposante voûte. On ne dirait pas, marcher sur la douceur du marbre donne un caractère maternel, comme si on sentait mieux sous nos pas la Mère, la Terre, résonner en soi.

Nous sommes arrivés en fin d’après-midi, plus d’une heure avant la fermeture, les enfants se précipitent sur les audio-guides, et se plongent seuls dans la visite du temple. Il fait un effet ressourçant pour notre Auguste qui chante, court, une plaine de jeux pour lui, entre tous ces escaliers, terrasses, salles et toujours ce même visage dans les alcôves, celui de Mahavira, dans sa position bouddhique de méditation, ses yeux de perles qui nous fixent étrangement, ce même regard qu’en haut de la citadelle de Jaiselmer. L’accueil du clergé se veut bon, ils sourient en regardant Auguste, nous interdisant de l’empêcher de jouer, ça change aussi et puis ce silence. Même avec des écouteurs,… Le silence.

Ce silence qui résonne à nos oreilles, chante les Ragas des textes védiques, la nature suspendue à la méditation. Loin de nous d’être mystiques mais ce caractère profond qu’est cette méditation invite chacun d’entre nous à descendre dans son corps, retrouver cette énergie créatrice qui nous innonde sans notre bon vouloir, nous qui ne faisons que penser et jurer par la pensée : le Shakra. On n’écrit que dans le silence de son âme, dans l’intériorité de son esprit, on se doute d’un petit quelque chose de rien qui se passe en nous et en dehors de nous. De ce silence nourrissant, surgit une idée qui pourrait toucher à une Foi, une croyance voire une philosophie de vie.

Quand l’heure fut venue, nous sortons à toute hâte monter sur un monticule qui surplombe le temple, réaliser une dernière photo de loin. Pour nous ‘expérience fut courte mais riche, voir autre chose, encore une fois différemment,

La route aussi paradoxalement est un lieu de silence, chacun s’imagine sa vie dans ses pensées au fil des kilomètres, des paysages qui défilent, des pensées d’ici ou d’ailleurs, des films passés, des projections d’avenir, des souvenirs aussi,… parfois, il nous arrive aussi ces moments de délires et des cris de joies, des disputes parfois, puis des haltes surprenantes comme lorsqu’Anu arrête notre voiture en plein tournant, nous ordonnant de rester dedans pendant qu’il sort pour une prière rituelle au dieu Hanuman, le dieu singe, … silence dans la voiture entourée trois tournants précédants par une multitude de singes en famille. Silence aussi quand Auguste dort, et que nous voyions passer les passants,qui passent autant que nous sommes déjà passés, trop loin trop vite, un paysage silencieux défile à travers nos fenêtres fermées, surtout garder la fraîcheur de la clim’.

Surgit en haut de la colline d’en face, surfait comme un décor de cinéma, irréel mais bien là, la forteresse de Kumbalgarh : s’étendant à l’infini sur un éperon rocheux, sur toute la longueur de la colline, un château-fort pareille aux nôtres mais dans des dimensions qui dépassent l’entendement. Ici, un appareil photo ne peut rien, ni une photo de paysage. C’est trop grand, trop large, trop étendu. Dans ce fort restauré entièrement, personne, quelques Indiens se promènent en amoureux, quelques jeunes courant après leur téléphone et puis ce silence de la saison basse, personne. Il fait bientôt 40°, comme tous les jours et nous entreprenons l’ascension abrupte des méandres, des entrelacs qui nous mènent à la porte du fort. La pente est raide mais courte, s’offre à nous une vue grandiose de ce qui fut une place forte avec 10 km de remparts et une cinquantaine de temples pour toutes les confessions dissiminées derrière les remparts. Dans ce paysage aride, la forteresse est le dernier rempart nord avant d’entrer dans la vallée d’Udaïpur, place stratégique, elle a tenu tant bien que mal face aux différentes invasions durant 200 ans. Trop loin de Jodhpur, sa rivale, elle a permis l’expansion du Raja d’ Udaipur. Aujourd’hui, classée à l’Héritage Monument de l’UNESCO, elle retrouve petit à petit son lustre d’antan. Oubliée pendant tant d’années, elle retrouve sa place à la saison haute bien que comme Ranakpur, elle est difficile d’accès et donc un peu délaissée par le tourisme rapide des tours opérateurs. Nous, comme depuis le début, c’est l’absence de frénésie, le silence qui rend l’or, la parure dorée à ce que nous découvrons, loin du tumulte, dans ce silence que nous aimons tant.

Prêt pour le diaporama ?

(Vous avez l’habitude maintenant, sur un smartphone,

c’est plus difficile mais d’une tablette ou un ordi, ça donne pas mal,…

Désolé si vous ne savez pas le lire mais de chez vous sûrement, … Bisous)

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Pour nous ce fut à nouveau une surprise, une découverte d’un patrimoine extraordinaires, une source d’histoire où nous foulons les pieds de cette histoire guerrière justement, nous avons parfois du mal à appréhender l’Histoire véritable, telle qu’elle fut à l’époque, ne pas arriver à s’imaginer des milliers d’hommes faisant le siège et l’assaut d’une telle citadelle, comme à Jodhpûr, comme sans doute pour les prochaines à visiter. Comment et combien d’hommes a-t’il fallu pour construire pareille citadelle, combien d’hommes vivant dans cette enceinte, comment garder son pays, comment combattre, se défendre, rester le maître chez soi, pour quel honneur, quelle famille ? Ces temps dits glorieux restent pour nous un énigme, nous n’avons pas dans notre génération connu la guerre, nous visitons mais nous ne comprenons pas l’esprit de la guerre, c’est une chose inconnue et tant mieux !!! Enfin, nous déambulons tout de même dans des palais et des forteresses parlant de mort, de violence, de saccages, de cris,… Nous n’entendons que ce silence, les morts n’hurlent plus, le temps est à la mémoire, nous sommes venus visiter un lieu d’histoire et de finitude de ce que l’esprit humain a de pire en soi : son esprit de conquête vaine car tout finira un jour, juste ne pas tomber dans l’oubli.

Nous quittons la citadelle en visitant les premiers temples à notre portée, montant aventureusement un escalier défraîchi pour se promener sur les remparts, nouveau terrain de jeux pour Auguste qui court sans ne plus s’arrêter, Noé et Léo à sa poursuite. Dernières photos de paysages à l’extérieur du fort pour ses adieux à nos yeux,…

Du silence, nous avons retenu qu’il en fallait pour continuer, toujours plus dans l’histoire, la pensée, et vivre en soi en toute Vérité, le silence est à apprivoiser comme un audio guide, juste à écouter et s’en imprégner. Nous l’avons vécu chacun d’entre nous notre propre silence, vivez cette expérience , ça fait du bien.

Chafab and Co

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