Là, c’est du lourd, du très lourd que nous vous proposons !
Même les enfants font un sourire timide et crispé devant la grandeur d’un des descendants rajpouts, fier et fidèle à la tradition de ces guerriers au bandeau orange qui tinrent la forteresse inviolée, jamais tombée, toujours aussi forte et conquérante et qui fait encore et toujours la fierté de ce pays du Marwar, littéralement le « Pays de la Mort » !
Si vous aviez adoré notre périple la semaine dernière aux portes du désert, ici, nous entrons par la porte ouest du Rajasthan, à l’envers de tous les guides qui partent de Delhi, nous remontons les temps ! Nous quittons la route de la Soie pour entrer de pleins pieds dans le pays des Rajouts, ce noble peuple de guerriers et dans le pays de Marwar. Tolkien aurait pu venir ici s’inspirer pour écrire ses trilogies que ce ne serait pas étonnant : Le premier nom qui résonne à tous Jodhpûr, de la Terre du Milieu car cet état est coincé par d’autres puissances telles Jaïpur à l’est, Udaïpur au sud et Jaiselmer à l’ouest, quant au nord il est aux mains des rajas du Penjab et les royaumes du Cashmir, elle est dominée par une forteresse impressionnante, guerrière, fière : la citadelle du Rajasthan jamais tombée aux mains de ses ennemis : Meherangarh.
Alors, c’est fini les belles photos illustrant nos propos familiaux, nos petits moments doux passés ensemble, nous sommes entrés de plein pieds dans le Moyen-Age indien, celui des forteresses et de ses châteaux-forts. téléchargez l’application Adobe photos flash ou Javascript sur les smartphones pour lire les diaporamas, nous vous emmenons pas à pas dans Jodhpur, tel que nous l’avons découvert !
C’est parti !
Arrivés en pleine après-midi, nous sommes étonnés en entrant dans la ville par la cohue telle que nous l’avions connue dans d’autres villes du Sud, c’est fini le calme paisible de Jaiselmer, retour à la frénésie des klaxons et de la poussière. Nous prenons l’apéro sur une magnifique terrasse avant de nous plonger dans le dédale de ruelles, toutes aussi petites les unes que les autres où s’engouffrent à pleine vitesse les motos. Au détour de l’une d’elle, un gigantesque bassin d’ablution et son architecture particulière, des escaliers dessinés par un architecte particulièrement ambitieux plongent trente mètres en contrebas. S’il semble à l’abandon, la fraîcheur du lieu accueille à la détente et de nombreux badaux en cette fin de journée profitent de l’ombre. Des hôtels et restaurants ont élu domicile dans d’anciens palais rajputs et lentement nous arrivons dans le marché de la vieille ville organisé en quatre quartiers autour de la clock Tower : des épices à gogo, de l’artisanat à des prix pour touristes, et toujours cette cohue. Le soir tombe et nous découvrons la citadelle illuminée, massive et monstrueuse de notre terrasse, contents autant que dubitatifs sur le suite des événements.
Ce matin, nous partons à l’extérieur de la ville visiter le nouveau palace de la famille royale, construit au début du siècle dernier, le Umaid Bhawan Palace, du nom de Raja Umaid Singh, 26ième Raja de la ville.
Situé sur une colline à l’extérieur de la ville, il est démesuré, tout en pierre de Chittar (voir plus loin) et par sa modernité, dessinée par des architectes anglais, elle dénote dans le paysage. De son musée déambulatoire, nous ne garderons pas grand chose, juste qu’il glorifie la famille Singh, toujours à la tête de la ville, le pouvoir de la famille bienfaitrice ne s’estompe pas. Par sa fondation pour la sauvegarde du patrimoine, les familles royales rajputs ont su garder de l’influence et même leur puissance sur leur ville, même plus, elles continuent à façonner la ville avec une modernité tournée vers l’avenir. Un aéroport historique existant depuis plus de 70 ans, avec même des vols de la KLM, c’est tout dire,… des hôtels dix étoiles dans leurs palais, des autoroutes, des … et des meilleures,… tout est organisé traditionnellement, ils restent partout et nous le verrons ailleurs, les gardiens de l’ordre établi.
Jaswant Thada, le cimetière des souverains de Jodhpur est assez récent, il est fondé à la fin du 18° siècle et prend son allure que nous lui connaissons aujourd’hui avant la fin de la première guerre mondiale. Ici, pour le mausolée de l’arrière grand-père du Raja d’aujourd’hui, rien ne fut trop beau : les meilleurs tailleurs de pierre se sont retrouvés à quelques encablures de la citadelle. Du haut de sa hauteur et dominant la ville, les dernières demeures semblent lancer au monde moderne leur salut éternel et leur mémoire. Un palais funéraire qui rappelle les splendeurs du passé du Taj Mahal domine les jardins, ici, loin de la folie et des bruits de l’agitation des hommes, une Histoire d’une dynastie s’écrit avec nostalgie.
La fraîcheur des pelouses et des arbres en fleurs nous accueille dans ce qui est un véritable havre de paix. Personne sur le site, quelques visiteurs comme nous déambulent lentement sous la chaleur, il fait presque 40°c tous les jours à présent. Nous prenons le temps de vivre l’instant justement à grands renforts de bouteilles d’eau.
Cette pause bénéfique nous rapproche de la citadelle qui semble encore plus grande à mesure que nous nous approchons d’elle, dernière petite musique d’un artiste de rue qui nous joue un « J’ai du bon tabac,… » , ça ne s’invente pas, sur son instrument traditionnel. Avant d’approcher des gigantesques remparts…
Meherangarh, là où tout a commencé et tout a fini,… cette citadelle, ce fort haut de 125m, surplombe la ville de Jodhpûr et ses imposants murs d’enceinte la rend plus terrifiante encore. Il est le prestige de la ville, son réconfort et son unité. Sa souffrance aussi et son regret amer de ne plus voir ces cortèges incessants du Raja descendre vers sa ville, dans son apparat et ses fastes. Le fort s’est endormi au début du siècle dernier quand l’Empire de sa gracieuse majesté a fermé les portes en 1912. Il a fallu construire un nouveau palais, plus moderne et respectant les us et les coutumes de l’Empire. Le Raja de l’époque fit cet effort avec conviction et bonheur, lui aimant le luxe à l’Européenne, volant dans ses avions, jouant au polo,… tout pour ressembler déjà à cette culture de l’Europe, une identification et une jalousie malgré la richesse de ne pouvoir toucher à la modernité,… Lui, il le fit, pas son peuple ni personne. Ces descendants regrettent encore aujourd’hui de ne plus y habiter. Meherangarh fut inhabité pendant 70 ans, les scellées furent apposées et tomba dans l’oubli, uniquement habité par des chauves-souris qui firent des déprédations majeures dans toute la citadelle. Comme de nombreux palais et forts des Rajas déchus lors de l’indépendance de l’Inde en 1947, il s’est transformé en musée, géré par la fondation du Raja qui en détient toujours la propriété. Cette visite fut longue, plus de 4h à parcourir les salles et les recoins de ce qui fut une forteresse vivante, un palais avec ces vastes et ses lustres. Pour nous, avec l’aide d’audio-guide, nous avons vu nos enfants s’amuser, s’intéresser, écouter attentivement l’Histoire, prendre connaissance du riche passé de la région, toujours à notre rythme.
Passant des différentes portes de défenses, écoutant les femmes se jeter dans le bûcher funéraire à la mort de leur mari, découvrant les salles de réceptions, les cours d’honneur, de mariage, de réceptions, les chambres cachées, les bureaux toujours plus grands et fastueux, les salons intimes ornés de miroirs et de lampes à huiles, lesquelles reflétaient cent mille bougies à l’infini, écoutant les charges guerrières des Rajpouts sur leurs chevaux et éléphants, les parties de chasse, les salles de réceptions, le quartier des femmes, l’intendance et tant de choses que nous ne pourrions vous raconter en ces quelques lignes,
Il vous faudra du courage car ce n’est pas un film, juste l’ordre de notre visite, hélas sans musique, prenez votre temps mais n’hésitez pas à trouver sur Youtube les reportages des pros qui vous feront connaître cet incroyable fort qui est lui aussi déjà un coup de coeur,
Nb/ Nos coups de coeur, ce sont les moments où en famille nous avons vécu, tous, un moment où nous avons pris le temps pour que chacun d’entre nous puisse vivre à son rythme la découverte du beau, que ce soit le désert, une promenade, un repas, un moment de rencontre et même une visite pédagogique,… et oui, nous enseignons aussi à l’étranger,… Bonne visite
La ville bleue, le quartier Est de la ville, réservée à la caste des Brahmanes, la plus haute caste de l’Hindouisme. Dans la tradition de la ville, afin que les castes ne se mélangent pas; les quartiers étaient organisés par métiers. Afin de montrer qu’ils n’exerçaient pas un métier mais qu’ils ETAIENT justes des Brahmanes, (plus haute que les Rois); cette caste fit colorer leur maison de bleu afin que du fort, ils puissent montrer leur puissance et leur différence. Les cartes postales de la ville nous les montrent à gogo mais pourtant ce n’est pas la plus belle vue de la ville justement, ce quartier est caché derrière; il nous a fallu ruser avec les gardiens du fort pour y descendre secrètement par la porte de derrière. Nous vous l’avouons, presque trop fier de ne pas faire comme les autres mais nous avions vraiment envie de voir de nos propres yeux, l’envers du décor, sortir par la porte de derrière et voir, sentir et palper l’origine, l’essence de ce quartier. On y voit de tout mais surtout des gens fiers. Nous prîmes même notre lunch à 5 Pm, voire notre souper avant de contourner l’éperon rocheux et rentrer fatigués mais heureux à notre gueshouse. De cette journée, du bonheur, intégral, dernière soirée ici, après Jaiselmer, Jodhpur nous a ouvert un univers de dingue, loin de tout peut-être mais à voir absolument.
Nous avons repris ce matin nos sacs et,
L’aventure continue, … et nous, nous vous embrassons très fort du pays du sable, de la rocaille, du soleil et de ses merveilleuses citadelles royales. En espérant que ces visites vous ont plu, à très bientôt,
Mille bisous en reprenant nos sacs à dos, la route continue,
ChaFab and Co